Isabelle Varange nous parle des grands formats

Isabelle Varange, directrice éditorial de Milady, a répondu à quelques questions concernant les grands formats du premier label de Bragelonne.

Vas-tu publier ce que Bragelonne n’avait pas la place de faire ?
Non, plutôt des titres que Bragelonne aurait fait chez Milady si le label avait existé plus tôt… Je ne vois vraiment pas où est le paradoxe. Mais si Bragelonne n’avait pas créé Milady, ces titres auraient eu leur place au catalogue Bragelonne.

Qu’attends-tu des grands formats de Milady ?
J’attends des grands formats qu’ils contribuent à développer le lectorat de Fantasy et, de fait, les rayons en librairie. Il y a différents stades de découverte d’un genre, tout comme il y a différents stades de lecture. Ceux qui découvrent le genre aujourd’hui ont les mêmes demandes, les mêmes envies que ceux qui ont découvert le genre il y a vingt ans. Or, la France a vingt ans de retard et la plupart des titres qui pourraient répondre à ces demandes et ces envies n’ont pas été publiés, sauf par Bragelonne. Les titres qui sont publiés aujourd’hui par d’autres éditeurs sont certes très intéressants pour des lecteurs qui sont déjà des amateurs du genre, mais pour les néophytes, en dehors du rayon jeunesse et de Bragelonne (à quelques exceptions près), ça devient compliqué de trouver quelque chose à se mettre sous la dent.
Le genre évolue en même temps que les lecteurs et ceux qui écrivent de la Fantasy aujourd’hui ont un recul que leurs prédécesseurs n’avaient pas, un besoin de renouveau. La Fantasy en se pérennisant devient, comme toutes les littératures, une littérature réflexive. Le genre se renouvelle. Je prends pour exemple le remarquable roman de Susanna Clarke Jonathan Strange & Mr Norrell. C’est un roman de Fantasy, certes, mais s’il répond aux attentes de lecteurs de Fantasy qui veulent lire « autre chose » parce que leurs goûts ont évolués, il ne correspond pas aux envies de la plupart des lecteurs de Fantasy qui souvent veulent retrouver « la même chose ». Et il n’y a pas de mal à ça, rien de péjoratif. Je suis aussi restée une telle lectrice. La Fantasy étant une littérature d’émotions, je veux retrouver les mêmes émotions en lisant d’autres romans dont je suis certaine qu’ils vont me les procurer.
Voilà ce que j’attends des romans en grand format de Milady : qu’ils viennent élargir le socle des lecteurs de Fantasy pour asseoir le genre sur des bases solides. C’est une politique identique à celle que pratique Bragelonne depuis sa création : accompagner les lecteurs dans leur découverte du genre. Et par ailleurs, j’attends aussi de ces romans qu’ils viennent enrichir le catalogue poche de Milady. Parce qu’elle ne pourra pas se contenter de piquer des titres à Bragelonne ou de publier de l’inédit en poche.

Que peux-tu nous dire des premiers livres à paraître ? Pourquoi avoir choisi ceux là plus particulièrement ?
Je n’ai pas choisi les premiers titres, ils font partie du projet initial de Stéphane Marsan et Alain Névant. J’ai fait des suggestions pour 2008 et certaines ont été retenues. Pour le catalogue 2009, ce sera différent, j’ai proposé plusieurs titres. Mais les décisions sont de toute façon collégiales.
Ce que je peux dire de ces titres pour les avoir édités (suivi des traductions notamment) :
Le Seigneur des Isles, le roman de David Drake, s’inscrit dans le genre High Fantasy, c’est un roman épique qui devrait combler des lecteurs de Goodkind. L’histoire de quatre jeunes gens, tous nés dans le même village et qui vont découvrirent qu’ils ont chacun un destin hors du commun.
Le Passage de Pierre, Les Nains, tome 1, de Markus Heitz : il n’y a plus assez de dragons, d’elfes, de nains et de créatures magiques en Fantasy. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit qu’ils ont quasiment disparu des étagères des librairies. C’est pourtant eux qui font l’identité du genre dans la plupart des imaginaires. Comme dans L’Histoire sans fin, nous voulons que vive Fantasia et pour cela il faut refaire un peu de place à ses créatures. Voici donc un roman où les Nains sont les héros.
Cavalier Vert de Kristen Britain est un roman d’apprentissage, une course-poursuite. Karigan vient de s’enfuir de son école quand elle rencontre un des mythiques Cavaliers Verts, les messagers du royaume. Ce dernier est mourant et lui demande dans un dernier souffle de porter un message à son roi. Elle accepte et se retrouve investie des pouvoirs et de la magie des Cavaliers Verts. Beaucoup vont tenter de l’empêcher d’accomplir sa mission et Karigan ne pourra compter que sur sa fougue et sur l’aide de sa monture. Là encore, il s’agit de retrouver ce goût de l’aventure qui est à l’origine de nos premiers émois en Fantasy et qui sous-tend le genre.