La saga de Weis et Hickman a déjà connu deux traductions. Était-il nécessaire d’en faire une troisième ?
Personnellement je ne connais que la deuxième. Il était nécessaire de refaire les traductions pour que ces ouvrages soient enfin considérés en France comme ils le sont partout ailleurs : comme des classiques de la Fantasy. Les traductions précédentes n’étaient pas complètes. À ceux qui disent que les coupes sont parfois justifiées, je réponds « hérésie ». Dire cela c’est considérer la Fantasy comme un sous-genre et je pense qu’il faut redonner leurs lettres de noblesse à des romans qui ont trop longtemps été considérés comme des produits dérivés, ce qu’ils ne sont pas, même par des lecteurs férus de Fantasy. Du moins avec ces nouvelles traductions pourront-ils se faire une idée en toute connaissance.
Quant aux fans de cette série ils vont enfin pouvoir la relire… pour la première fois ! J’ai toujours préféré les versions longues, les director’s cut et je pense que c’est le cas de pas mal de personnes. Mais j’ai rencontré des gens qui préfèrent la première version de Blade Runner, libre à eux. Personnellement si je suis fan d’une série, je n’aime pas savoir que ce qu’on me donne à lire est en réalité un digest. C’est une question de respect.
À ces considérations vient s’ajouter un autre facteur : « le facteur geek ». La plupart des noms de lieux, de personnages, de créatures, de sorts proposés par les éditions précédentes ne correspondent pas aux traductions des manuels de jeux de ces univers. Les romans ne sont certes pas des produits dérivés, mais ils sont inspirés d’univers de jeux de rôle. Il est important que les traductions soient unifiées dans la mesure du possible. C’est compliqué et très difficile à faire, car les glossaires sont énormes (et ils ont évolué avec le temps) et nous ne sommes pas à l’abri d’erreurs, mais nous tendons vers une totale conformité. Ce qui n’était pas, à mon avis, une volonté éditoriale des éditeurs précédents.
L’intégralité de Dragonlance et Royaumes oubliés va-t-elle être publiée ?
Pas forcément, nous allons publier dans un premier temps des rééditions de séries incontournables et leurs suites. Le catalogue de Wizards of the Coast est énorme. Il est difficile, en terme de planning, de tout publier. Mais il y aura des inédits d’ici la fin de l’année.
Comment vas-tu faire ton choix ?
Nous ferons nos choix en fonctions des séries les plus demandées et les plus appréciées, mais aussi les plus attendues.
En quoi était-il important que Donjons & Dragons figure au catalogue de Milady ?
L’important c’est que D&D soit publié en France que ce soit chez Milady ou ailleurs et nous sommes très fiers d’avoir été choisis par Hasbro pour reprendre le flambeau. D&D existe depuis plus de trente ans maintenant et représente un des fondamentaux du genre. La semaine de la mort de Gary Gygax, nous parlions au bureau de l’influence de son jeu et quelqu’un a dit : « Je ne serais pas là sans Gary Gygax ; je ne travaillerais pas ici. ». À ce moment-là, nous avons pris conscience que c’était également vrai pour la plupart d’entre nous.
Personnellement je continue de jouer au jeu de rôle, je fais partie de ces gens qui sont venus à la Fantasy par ce biais et ils sont nombreux. La Fantasy doit beaucoup à D&D il est donc logique et normal et évident qu’un tel monument ne soit pas laissé à l’abandon. D’autant qu’il est toujours en construction et que des nouveautés continuent à paraître à un rythme soutenu. Le 6 juin (le même jour que l’arrivée en librairie des livres Milady) est sortie la 4e édition du jeu. C’est un événement qui vient prouver, s’il était besoin, que cette franchise a encore beaucoup à apporter.