Interview recueilli par Elbakin.net
Commençons par une question simple et pas franchement originale : comment est né le projet de Les Lames du Cardinal ?
De l’envie d’écrire un roman, d’abord !... Plus sérieusement, ma première intention était de raconter les aventures d’une bande de mercenaires dans un monde de pure fantasy. Et puis l’attrait du XVIIe siècle a été le plus fort, et mon éditeur a accepté que je revienne à mes anciennes amours.
Est-ce que l’œuvre de Dumas fait partie de vos livres de chevet depuis toujours ?
Les Trois Mousquetaires, oui. Un des meilleurs romans d’aventure que j’aie jamais lu. Et un grand roman sur l’amitié, aussi. Un chef d’œuvre. Mais je n’apprends rien à personne, là…
On se retrouve là avec un roman avec beaucoup plus de points de vue à suivre que dans Wielstadt par exemple. Qu’est-ce qui a guidé votre choix ?
Avec Wielstadt, j’avais un héros. Avec Ambremer, j’avais un couple de héros. J’ai eu envie de changer et l’idée d’un roman choral s’est vite imposée, histoire de trouver une nouvelle dynamique. Cette idée est d’ailleurs tout ce qui est resté du projet originel.
La dimension de la réalité historique est une fois encore très prégnante chez vous. D’où vous vient cette attirance ?
J’adore le début du XVIIe siècle. La période des Trois Mousquetaires, justement. Elle me fascine et je crois bien la connaître. J’aime lui redonner vie.
On vous a déjà vu chez Bragelonne auparavant, pour de la traduction. Etait-ce un défi de traduire Casino Royale (et depuis un deuxième James Bond) ?
Un défi dans la mesure où c’était la première fois que je m’essayais à l’exercice de la traduction. Mais j’aime l’univers bondien. Je n’ai pas réfléchi longtemps avant d’accepter la proposition de Bragelonne.
Est-ce que votre passé dans le domaine du jeu de rôle vous est toujours utile, ou vous en êtes-vous « affranchi » depuis ?
Je ne suis pas certain de bien comprendre la question. Une chose est sûre : je ne me considère pas comme un ancien du JdR qui écrit des romans. Je suis romancier et, dans le passé, j’ai fait d’autres trucs, dont le JdR. Mais contrairement à ce que l’on croit, ces deux métiers n’ont pas grand-chose à voir. Un bon scénariste de JdR ne fait pas forcément un bon romancier. Et l’inverse est tout aussi vrai.
Avez-vous de fait une méthode d’écriture bien précise, de roman en roman ? Vous laissez-vous porter par l’intrigue de départ ou tout est-il planifié à l’avance ?
Je conçois soigneusement, rigoureusement mon intrigue de A à Z avant d’écrire la première ligne du roman. Il n’y a pas d’improvisation, si ce n’est dans les dialogues, que je veux les plus vivants possible.
Wielstadt, Paris à différentes époques, Londres dans Viktoria 91… Pourquoi les villes ont-elles autant d’importance comme décor chez vous ?
Sans doute parce que je ne reconnais pas un plant de tomate d’un chêne centenaire. Blague à part, la campagne m’ennuie et les villes me fascinent. C’est comme ça. J’ignore pourquoi.
Que pouvez-nous révéler du tome 2, en quelques mots et sans rien dévoiler du suspense bien sûr !
Le tome 2 fera suite au tome 1. Le reste est classé Secret Défense.
Vous semblez particulièrement soigner les conclusions de vos romans (de certains en tout cas), sous le prisme des « révélations chocs ». Est-ce une « méthode » qui vous tient à cœur ou bien cela dépend-il avant tout de ce qui a précédé au fil de l’histoire ?
Les Lames du Cardinal a été conçu comme le « pilote » d’une série. Les révélations choc auxquelles vous faites allusion sont typiques du genre. Il s’agit de présenter les personnage, l’univers, les enjeux… et de relever le tout au dernier moment par deux ou trois révélations intrigantes. Ça m’a beaucoup amusé.
De quel(s) livre(s) êtes-vous le plus fier, avec plus de dix ans de publication ? J’imagine que c’est toujours le dernier que l’on regarde avec le moins d’indulgence, peut-être !
Jusqu’aux Lames, mon roman préféré était Les Enchantements d’Ambremer. Dans mon cœur, les Enchantements est désormais à égalité avec les Lames.
Vous avez déjà remporté deux prix littéraires, et non des moindres. Est-ce que ce genre de reconnaissance est important pour vous ?
Oui et non. La reconnaissance de ses pairs est très agréable. Mais je ne pense pas aux prix qui m’ont été décernés, ni à ceux qui ne l’ont pas été, en me rasant le matin.
On vous a vu intervenir par exemple au cours du Colloque de Cerisy. Est-ce important pour vous de voir la fantasy « investir » un tel domaine d’analyse, être étudiée ?
Oui. En France, il est plus que temps. Je ne dis pas que X millions de lecteurs de fantasy ont forcément raison — cet argument est idiot. Mais quand bien même on jugerait que la qualité littéraire des romans de fantasy est généralement médiocre — ce que je crois pas —, son succès mérite au moins l’intérêt de l’Université. J’ai d’ailleurs rencontré à Cerisy des gens beaucoup plus ouverts et curieux qu’on pouvait le craindre.
En vous lisant, les situations et les personnages semblent souvent bondir d’eux-mêmes hors des pages. Seriez-vous intéressé par une adaptation de l’un de vos romans au cinéma, ou même en BD ? Avez-vous été déjà approché ?
D’abord, merci pour le compliment. Ensuite, personne n’a jamais manifesté devant moi le désir d’adapter mes bouquins. Mais l’aventure pourrait me tenter, oui.
Histoire de faire profiter nos lecteurs de vos conseils, y a-t-il dernièrement un roman qui vous ait marqué, qu’il appartienne ou pas au genre fantasy ? Pas vraiment, non. Peut-être A Year in the Merde, de Stephen Clarke. J’ignore s’il a été traduit. Nous autres Français y en prenons pour notre grade. Très drôle.
Une question que l’on me presse de poser pour conclure… Reverra-t-on un jour le Chevalier Kantz ? J’en doute fort.